Crise politique en Belgique perspective de grêve générale
Seïfeddin Bey reports on the difficult political situation in Belgium concerning universal suffrage. The Socialists and extreme left insist on a general strike, which the Catholics refuse and try to prevent.
Monsieur le Ministre, J’ai l’honneur de signaler à la Haute attention de Votre Altesse la crise politique qui sévit depuis quelque temps au sein du Parlement Belge [sic], crise mettant aux prises par sa répercussion les différents éléments du pays et menaçant de dégénerer [sic] en grève générale. La cause de cette crise provient d’une demande de révision de l’article 47 de la chartre constitutionnelle pour substituer au vote plural actuel, dont la brutalité est mitigée par la représentation proportionnelle, le suffrage universel pur et simple. L’initiative de cette proposition émanait des socialistes unis avec des membres avancés de la gauche progressiste, tandis que les libéraux modérés tendent à obtenir le suffrage universel, mais à 25 ans, avec certains tempéraments dans la loi, tel par exemple un double vote au père de famille ou au capacitaire. Les élections dernières du 2 juin se sont faites sur cette plate-forme électorale, dans une sorte d’union de la gauche
et de l’extrème [sic] gauche. Cette union, quelque peu hybride, par suite de la différence des programmes des deux partis, a abouti à un échec qui a permis au Gouvernement catholique, constamment au pouvoir depuis 1884, de voir sa majorité, qui n’était que de 6 voix, se porter à 16 voix. Le suffrage universel tend à favoriser surtout la classe ouvrière, et par conséquent à renforce, s’il devait être admis, les éléments socialistes et ceux de l’extrême gauche; il ne serait pas favorable à la gauche modérée, composée de bourgeois, de capitalistes et d’industriels. Quant au parti catholique, qui profite actuellement du double vote de tous les propriétaires d’un arpent de terre, fussent-ils illettrés, il serait anéanti par l’adoption du suffrage universel. Le Gouvernement a donc tout intérêt à continuer à vivre sous le régime actuel, qui lui assure la suprématie pour de longues années encore. Elle ne pourrait être atteinte que sous la pression d’un mouvement populaire que les socialistes annoncent, que les libéraux réprouvent et que les catholiques craignent, la grève générale. Sous cette menace, la droite à [sic] jusqu’à ce jour refusé d’abdiquer, mais, en cas de manifestations violentes, il est probable que le gouvernement, afin de sauver la situation, ait recours à une mesure transactionnelle, telle qu’une commission chargée d’examiner la question et composée des membres du Parlement. Il est constamment question de la grève générale, et les feuilles des différents partis politiques traitent la question selon leurs points de vue. Les quelques manifestations qui ont eu lieu ont avorté sans que pour cela la perspective d’une grève générale soit complètement écartée.
Le Gouvernement, en prévision de pareille éventualité, prend des mesures pour empêcher une entrée en ville en masse des manifestants de la classe ouvrière des environs. Daignez agréer, Monseigneur, les assurances de la très haute et très respectueuse considération, avec lesquelles j’ai l’honneur d’être de votre Altesse le très dévoué et obéissant serviteur. Seïffedin
Series | HR.SYS-229-62 |
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Place | Brussels |
Date | 06-03-1913 |
Author | Seïfeddin Bey |
Recipient | Saïd Halim Pacha |
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Consulted online at Ottoman Diplomats: Letters From the Imperial Legation in Brussels (1849–1914) (2014 Edition), Centre for Political History (PoHis), University of Antwerp, <http://dighum.uantwerpen.be/ottomandiplomats/>.