Carathéodory reports that he is in direct contact with Aristarchi and Maimon concerning publication of the book by Hecquard. He laid hands on the final chapter that shows the author’s true intentions. Belgian authorities are powerless and Carathéodory asks more financial support.
[1] Mon très-cher chef, Comme Vous voyez par l’en tête de cette feuille, je ne suis pas encore à la fin de mes misères. La cure d’Aix ne m’a pas profité cet été ; les maux arthritiques dont je souffre ont pris une telle extension que les médecins, tant à Bruxelles qu’à Paris m’ont forcé de profiter, sans le moindre [2] délai, des dernières semaines de la saison pour faire la cure indiquée et indispensable des eaux de la Bourboule, car, d’après eux, il y avait urgence. C’est le seul espoir qui me reste de pouvoir ainsi affronter l’hiver qui est à nos portes. Je serai rentré à Bruxelles dans les derniers jours du mois. Comme de raison, en partant, il y a quelques jours, j’ai laissé des instructions précises à Aleco et à Maimon, avec lesquels je suis en communication constante ; Votre Excellence peut être persuadée que le service ne souffrira en aucune façon par mon éloignement forcé et temporaire, à proximité de la Belgique et que rien ne sera négligé pour arriver notamment à remplir Ses ordres quant à
[1] l’odieux pamphlet dont je Vous ai déjà envoyé le 4 de ce mois, les feuilles qui se trouvaient en ma possession. Dans ma lettre ci-jointe, je Vous en parle longuement. Il y a quelques minutes seulement, j’ai reçu les feuilles du dernier chapitre « le 1er septembre 1900 ». Je les joins sous ce pli, avec la « Dédicace » et la « Préface ». Tous les chapitres sont « caractéristiques », mais, à eux trois, ils suffiraient à démontrer les résultats que les auteurs veulent atteindre. Comme je Vous le dis dans ma lettre, le Gouvernement belge, dans l’occurrence, est tout à fait impuissant à nous aider. Un procès serait forcément désastreux. Il faudra donc, coute que coute, s’entendre avec ces gens là et le sacrifice à faire sera très-important. Le Damad a mis dans ce livre tout son venin ; plusieurs personnes de Constantinople ont dû y collaborer. C’est une entreprise infernale que ces gens là, maîtres chanteurs experts, ont étudié dans ses moindres détails. Quelques indiscrétions m’ont convaincu que les exigences totales monteront certainement [2] à dix ou douze mille Livres, ou quelque chose d’approchant. Si je pouvais obtenir le résultat pour moins, tant mieux. Mais Votre Excellence connaît ma détresse pécuniaire. Ce qui m’est dû, frais de service, loyer, etc. monte déjà à une somme très-considérable. Je n’ai plus le sou ; et pour arriver à un résultat, il faut, en tout cas, que j’ai déjà aujourd’hui plusieurs milliers de Livres à ma disposition. Il est urgent que Sa Majesté le sache. Si Elle met sa confiance en moi, qu’Elle Se plaise à ordonner l’envoi immédiat de la somme ci-dessus ; je Lui rendrai un compte exact de tout ce qui sera fait. Sinon, qu’Elle daigne charger d’une entreprise aussi périlleuse que délicate, quelqu’un qu’Elle honore plus spécialement de Sa confiance. Votre Excellence saisira facilement les raisons pour lesquelles je Lui parle à cœur ouvert. La malheureuse expérience acquise au sujet du retour de Mahmoud Pacha est d’hier. Elle ne voudra pas certainement que je la recommence, et elle me degagera [sic] de tout cela au plus tôt. En attendant la réponse de Votre Excellence avec la plus vive impatience je reste pour la vie Son reconnaissant et très-respectueusement dévoué serviteur et vieil ami. Et. Carathéodory
PS : 19 septembre – Au moment de l’expédition de ces lignes, Maimon m’informe que Hecquardv(l’auteur ostensible) et ses amis ont avancé jusqu'à présent à Mahmoud Pacha 180,000 francs, contre sa promesse de leur faire obtenir la concession de la ligne de chemin de fer Alexandrette-Alep. Ils seraient furieux contre lui et l’appelleraient couramment un « tchapkin ». – Si cela était vrai, il expliquerait la raison pour laquelle ils voudraient maintenant lui jouer ce mauvais tour et le lâcher. Maimon ajoute dans sa lettre qu’il est urgent que nous nous entendions immédiatement avec eux, sans cela Hecquard ne se contenterait pas après, « même avec 50,000 Livres ! » Il a dit aussi à Aleco qu’il lui faut de l’argent pour entreprendre le voyage qui est indispensable pour mener l’affaire à bonne fin et, en plus qu’il est très-découragé lui-même, se
trouvant depuis des mois sans la moindre ressource et qu’à son dernier départ de C[onstantino]ple Tahsin Bey lui aurait dit que Sa Majesté avait ordonné de lui donner une gratification de 600 Livres ; que le premier Secrétaire Impérial lui avait promis de lui envoyer au plus tôt et que jusqu’à présent il n’a rien reçu. J’ajoute que moi-même, sur ses instances continuelles, je lui ai avancé mille francs qu’il s’était engagé de me rembourser dans la huitaine. Je n’ai rien en jusqu’à ce jour et maintenant il me demande encore de l’argent pour voyager, en ajoutant, d’ailleurs, qu’il voyage toujours par les trains de luxe et loge dans les meilleurs hôtels ; et que l’on devrait, par conséquent, lui donner « en conséquence » ! Qu’y a-t-il à faire avec de semblables gens ! Et.
Series | HR.SYS-227-10 |
---|---|
Place | La Bourboule-les-Bains |
Date | 18-09-1900 |
Author | Etienne Carathéodory Effendi |
Recipient | Ahmed Tevfik Pacha |
If you use this website for your own research, we kindly ask you to mention the following reference in your publications:
Consulted online at Ottoman Diplomats: Letters From the Imperial Legation in Brussels (1849–1914) (2014 Edition), Centre for Political History (PoHis), University of Antwerp, <http://dighum.uantwerpen.be/ottomandiplomats/>.