Synopsis

Correspondance avec le prince de Chimay sur les articles de « La réforme ». 2 annexes.

Carathéodory sends the correspondence between the Imperial Legation and the Belgian Minister for Foreign Affairs concerning the publications in “La Réforme” in attachment. He explains that little can be done because of the freedom of the press in Belgium, but luckily this newspaper has a very small audience.


Attachments

- Copied letter (24-06-1889, Brussels, Etienne Carathéodory Effendi to Prince de Chimay, Writes about the malicious publications in “La Réforme” and asks the Belgian government to react and defend the befriended nation in order to end this outrageous campaign.) - Copied letter (05-07-1889, Brussels, Prince de Chimay to Etienne Carathéodory Effendi, De Chimay apologizes and deeply regrets that such articles about a befriended head of state appear in the Belgian press. Due to the freedom of the press little can be done but he insists that “La Réforme” hardly has an audience.)


Transcriptions

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Monsieur le Ministre, Pour faire suite à mon télégramme de 24 juin dernier, sous le No spécial 70, je me fais un devoir de placer, ci-joint, sous les yeux de Votre Excellence la correspondance échangée entre la Légation Impériale et le Ministre des Affaires Etrangères de Belgique, au sujet de la dernière « lettre de Turquie » de « la Réforme ». La législation de ce pays empêche le Gouvernement de se mêler, en quoi que se soit, ou d’avoir la moindre influence sur les affaires de presse. Toutefois, tout en prévoyant la réponse du prince de Chimay, il m’a semblé utile d’attirer l’attention de Son Excellence sur la langage aussi séditieux qu’empreint d’une violence et d’une grossièreté sans pareilles du journal

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radical socialiste. La réponse du Ministre des Affaires Etrangères de Belgique est une nouvelle preuve de l’impuissance absolue dans laquelle se trouve le gouvernement de ce pays, dans de[s] circonstances semblables. Malgré sa meilleure volonté, il ne peut empêcher que presque chaque jour les feuilles démocratiques avancées ne contiennent des choses injurieuses et insultantes. Tous les Souverains y passent, à tour de rôle, à commencer par le Roi de la Famille Royale de Belgique, sans parler des Ministres, auxquels on n’épargne aucune injure et ces écarts de langage si regrettables restent toujours impunis, en égard à la défectuosité de la loi. Certes, l’on pourrait poursuivre ; mais les délits de presse relevant de la juridiction du jury, les considérations contenues dans la réponse du prince de Chimay me paraissent justes. D’un côté, les condamnations avec une législation pareille sont absolument dérisoires; d’autre part, avec le jury, il y a toujours danger d’acquittement.

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Heureusement, les journaux tant soit peu sérieux et honnêtes de toutes nuances, s’ abstiennent de publications semblables à celles de « la Réforme », dont toute la honte retombe sur le parti dont le but unique est la révolution et le renversement du trône et de l’autel partout. Ce parti révolutionnaire cosmopolite, compte, en somme, peu d’adhéren[t]s dans ce pays. C’est une vraie consolation pour moi de pouvoir assurer Votre Excellence que les misérables qui poursuivent par des menées souteraines [sic] et honteuses de ce genre leurs buts inavoués, perdent absolument leur temps. L’article de « la Réforme » n’a même pas été lu ; il a passé entièrement inaperçu et personne ne s’est même douté de son apparition. Toute la presse belge, sans exception, a eu le tact d’y opposer dédain et mépris et, à mon très-humble avis c’est aussi, peut-être, pour nous aussi, le meilleur moyen de couper le mal dans ses racines. Veuillez, Monsieur le Ministre,

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Agréer les assurances de ma très-haute considération de Votre Excellence le très-humble et très-obéissant serviteur. Ét[ienne] Carathéodory

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Copies. Joint au rapport Nos 4809/76 Son Excellence Carathéodory Efendi A Son Excellence M[onsieur] le Prince de Chimay Bruxelles, le 24 juin 1889 Monsieur le Ministre, Comme suite à la conversation que j’ai eu l’honneur d’avoir avec Votre Exc[elence] je prends la liberté de placer, ci-joint, le No du journal « la Réforme » paru aujourdhui [sic]. Depuis quelque temps déjà ce journal pu- blie des articles sous la rubrique : « Lettres [sic] de Turquie », qui déversent l’injure contre mon Auguste Souverain et son gouvernement. Jamais, toutefois l’inconvenance et la grossièreté n’ont atteint le diapason de celui que je mets sous les yeux de V[otre] E[xcellence]. Je connais la large liberté que régit la presse en Belgique. Il me semble cependant que le gouvernement du Roi ne saurait voir d’un œil indifférent des manifestations si

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injurieuses contre la personne et le gouverne- ment d’un Souverain ami et allié de S[a] M[ajesté] le Roi. Et en effet, l’article dont il s’agit, dans un langage dont la violence et le bru- talité égalent la tendance insultante, est une veritable excitation et provocation à l’émeute. J’ai la plus entiére [sic] confiance dans les sentimen[t]s dont Votre Excellence, s’est plu à nous donner maintes fois des preuves irrécusables, pour être persuadé que le gouvernement Royal pésera, dans sa justice et dans l’intérêt de la bonne entente entre nos deux pays, les mesures les plus propres à mettre fin à une campagne si scandaleuse et que rien ne justifie. Veuillez, mon Prince, agréer avec mes remerciements anticipés, les nouvelles assurances de ma haute considération. (Signé) Ét[ienne] Carathéodory

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II. Son Excellence M[onsieur] le Prince de Chimay à Son Excellence Carathéodory Efendi Ministre de Turquie Bruxelles, le 5 juillet 1889 Monsieur le Ministre, Votre Excellence m’a signalé récemment une série d’articles injurieux pour son Auguste Souverain, publiés par la « Réforme » sous le titre de « Lettres de Turquie », et le 24 juin, revenant sur son entretien antérieur, Elle m’a communiqué le no. de ce journal paru le matin même. J’ai hâte de renouveler à Votre Excellence l’expression des très-vifs regrets que m’inspire une telle publication et je déplore non moins sincèrement, que des articles aussi offensants pour un souverain ami de la Belgique aient trouvé place dans la presse Belge. Mais la Presse [sic] jouit en Belgique d’une liberté absolue et c’est à l’autorité

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judiciaire seule, qu’il appartient d’en réprimer les écarts, lorsque ils constituent des crimes ou des délits. Assurément, la loi du 20 Décembre 1852 prévoit la répression des offenses à l’égard des Souverains et Chefs d’Etats étrangers et la loi du 12 Mars 1858 autorise les poursuites d’office. Cependant le Gouvernement du Roi a toujours hésité à user des pouvoirs que la législation lui confère. Un procès de ce genre attire une grande publicité et à côté des chances de condamnation, il faut supputer celles d’un acquittement par le jury. Les débats donnent toujours à des articles qui parfois ont passé presque inaperçus, une importance que certes ils n’ont point, et au journal une notoriété qu’il ne possédait pas jusque là. Telles sont les considérations que je crois devoir soumettre à l’esprit éclairé et au jugement perspicace de Votre Excellence, tout en flétrissant, comme elles le méritent, des attaques aussi grossières que déplacées. Veuillez agréer, Monsieur le Ministre les assurances de ma haute considération (Signé) le Prince de Chimay

How to cite

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Consulted online at Ottoman Diplomats: Letters From the Imperial Legation in Brussels (1849–1914) (2014 Edition), Centre for Political History (PoHis), University of Antwerp, <http://dighum.uantwerpen.be/ottomandiplomats/>.




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