Synopsis

Suite et fin de l’incident du « Journal de Bruxelles ». 2 annexes.

The director of “Le journal de Bruxelles”, de Haulleville, sent a letter to Carathéodory and de Chimay concerning an indecent article on the Ottoman Empire. De Haulleville doesn’t want to apologize but blames the editors of the “New York Herald” and “Le Temps”. Carathéodory reacted and de Chimay assured Belgian support for the Ottoman Empire and regrets the case.


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- Copied letter (24-06-1889, Brussels, Etienne Carathéodory Effendi to Prince de Chimay, Writes about the malicious publications in “La Réforme” and asks the Belgian government to react and defend the befriended nation in order to end this outrageous campaign.) - Copied letter (05-07-1889, Brussels, Prince de Chimay to Etienne Carathéodory Effendi, De Chimay apologizes and deeply regrets that such articles about a befriended head of state appear in the Belgian press. Due to the freedom of the press little can be done but he insists that “La Réforme” hardly has an audience.)


Transcriptions

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Monsieur le Ministre, Votre Excellence a pu se convaincre par la lecture des deux lettres adressées par le Directeur du « Journal de Bruxelles » tant à Monsieur le Prince de Chimay qu’a moi-même, annexées sous les Nos 4 et 6 à mon rapport du 25 octobre, sous les Nos 4537/134, des excuses qu’il faisait pour la publication des inconvenances sans nom, sur la Maison de Sa Majesté Impériale le Sultan, notre Auguste et très gracieux Maître, accueillies avec une aussi coupable légereté [sic] dans ce journal. Dans le but d’échapper aux conséquences de son acte de contrition, Monsieur de Haulleville a cru, malgré cela, pouvoir faire croire que c’est une simple « rectification »

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des erreurs que le « New York Herald » et le « Temps » auraient fait commettre à son journal, qu’il nous aurait offerte, et nullement des excuses et des regrets à exprimer par la Rédaction, ainsi qu’il ressort, très-clairement, de ses deux lettres précitées. Devant cet acte de mauvaise foi et, d’ailleurs, n’ayant aucune raison impérative pour attirer de nouveau, l’attention du public sur un article aussi absurde, je me suis borné, dans ma réponse, à rétablir simplement les faits et à donner une leçon de bienséance à la Rédaction du « Journal de Bruxelles ». Je me fais un devoir de placer ci-joint, sous les yeux de Votre Excellence la lettre dont il s’agit de Monsieur de Haulleville ainsi que ma réponse. Il me semble, et j’ose penser que cette manière d’agir rencontrera la gracieuse approbation de Votre Excellence, que nous pouvions absolument nous en tenir aux regrets officiels que nous a exprimés le gouvernement belge et que c’était là la meilleure manière de clôre cet incident. J’ai cru, toutefois devoir faire part au gouvernement du Roi de la correspondance

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échangée avec le Directeur du Journal de Bruxelles, en ajoutant que, quant à nous, nous nous contentions absolument des regrets officiels qui nous avaient été exprimés et des assurances d’éviter désormais, par une surveillance plus active, des publications de l’espèce. Monsieur le Prince de Chimay, me remercia de ma communication et me réitéra, encore une fois, les très-vifs regrets du gouvernement du Roi. Son Excellence blâma énergiquement la conduite de Monsieur de Haulleville et me dit que la mauvaise humeur du Directeur du « Journal » contre le Cabinet, provenait uniquement de la mortification éprouvée, d’avoir été appelé au ministère pour être réprimandé, une fois de plus, dans de semblables questions de grossière inconvenance, dont il est coutumier. De plus, le Ministre des Affaires Etrangères, en me félicitant de ma réponse à la lettre incongrue de Monsieur de Haulleville, m’assura de nouveau que la vigilance nécessaire serait toujours exercée à l’avenir. Quoi qu’il en soit et, du moment que le gouvernement belge répudie lui-même tout caractère officieux au « Journal de Bruxelles », il n’y aurait, me semble-t-il, qu’une seule réponse à faire

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à cette dernière inconvenance dont a fait preuve son Directeur à notre égard : c’est de refuser simplement au « Journal de Bruxelles » l’accès du territoire de l’Empire. Veuillez, Monsieur le Ministre, agréer les assurances de ma très-haute considération. De Votre Excellence le très-humble et très-obéissant serviteur. PS : au moment même où je ferme le courrier, la poste me remet le gracieuse approbation de Votre Excellence que contient le dépêche qu’Elle me fait l’honneur de m’adresser en date du 10 de ce mois, sous les Nos 91421/53. Je ne saurais manquer d’en exprimer à Votre Excellence ma très-respectueuse et bien vive gratitude.

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Copie. Joint au rapport Nos 4562/146 I. M[onsieu]r de Haulleville à S[on] Exc[ellence] Carathéodory Efendi Bruxelles le 23 octobre 1888 Monsieur le Ministre, il me semble que V[otre] E[xcellence] traite d’une manière trop tragique un sujet qui, en somme, n’ a aucune importance réelle. Je ne vous ai pas, comme vous le croyez, fait des « excuses » ; car alors je me serais reconnu coupable. Or, je ne le suis pas ; je crois vous l’avoir démontré. Dans l’unique but de vous prouvez ma profonde déférence pour le caractère officiel dont Vous êtes revêtu, je vous ai offert de publier, dans notre journal une rectification [sic] des erreurs que le « New York Herald » et le « Temps » nous auraient fait commettre par la reproduction de l’article qu’ils avaient publié avant nous. Je considère ce genre de rectification comme un devoir de conscience non seulement envers les grands de ce monde, mais aussi envers les petits. Puis, permettez-moi de vous faire remarquer que vous vous me prenez complètement sur le « Journal De Bruxelles » et sur ceux qui le rédigent. Cette feuille

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qui appartient à la « Société de la presse conservatrice » ne dépend, en aucune façon, du gouvernement qu’il (sic) défend de son libre gré et d’une manière absolument gratuite, parceque [sic] telle est son opinion. S’il y a un obligé dans les rapports du « Journal » avec le Cabinet actuel, c’est celui-ci. Il plaît à la presse de l’opposition de nous appeler journal officieux ; mais nous ne sommes que le journal de la société de la presse conservatrice (E. de Meseur et C[ompagn]ie) et les rédacteurs sont des hommes libres et fiers, qui travaillent exclusivement à la défense d’une cause morale, que le journal représente depuis 63 ans. Dites-moi, Monsieur le Ministre, si nous sommes bien d’accord là-dessus. Pour le reste, je suis entièrement à la disposition de V[otre] E[xcellence] à laquelle je présente l’expression réitérée de ma haute considération et de mon sincère dévouement.

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II. S[on] Exc[ellence] Carathéodory Effendi à M[onsieu]r de Haulleville Bruxelles, le 24 octobre 1888 Monsieur le baron, la lecture de la lettre que vous avez bien voulu m’adresser, en date d’hier, me cause de l’étonnement. Vous me dites que « vous ne m’avez pas fait des excuses car, alors, vous vous seriez reconnu coupable ». Ainsi, les expressions que vous avez employées, tant dans votre lettre à M[onsieu]r le Prince de Chimay que dans celle que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser le 20 de ce mois, telles que « l’assurance de votre innocence » « le manque de votre vigilance » le fait « que l’article a été composé pendant votre absence et à votre insu » etc. ne constitueraient donc pas des excuses pour cette publication, et votre opinion reste que je prends « trop au tragique » un article « qui n’a aucune importance réelle. » Ce n’est pas l’article, absolument inepte, Monsieur le baron, c’est sa publication dans les colonnes de votre journal que je continue à considérer comme un fait grave et en tous

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points déplorable. Peu importe si le « Journal de Bruxelles » est ou n’est pas officieux ; il est considéré partout comme tel, fût ce même à tort, et cela suffit. En surplus, ses sympathies gouvernementales, la cause morale qu’il défend avec tant de talent, sous votre intelligente direction, la position éminente qu’il occupe dans la presse belge, devraient faire, me semble-t-il du moins, aux hommes « libres et fiers » qui le rédigent, un devoir constant, de respecter des convenances internationales élémentaires et de ne jamais permettre que des propos semblables à ceux contenus dans « la maison du Sultan », soient tenus dans ses colonnes, empruntés ou non à d’autres journaux, à l’égard d’un Souverain ami de leur pays. Je pensais que la Rédaction s’empresserait d’exprimer spontanément ses vifs regrets de ce qu’une pareille publication inconvenante au plus haute degré, ait pu trouver place dans le journal. Au lieu de cela, vous voulez bien

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m’offrir une « rectification » des erreurs de l’article du « New York Herald ». Je vous en remercie, mais je n’en ai que faire. On ne rectifie pas, veuillez me permettre de vous le dire, un tissu de ridicules insinuations et d’allégations aussi absurdes que grotesques. Il n’y a que des regrets à ressentir et à exprimer, pour les avoir accueillies, avec une légèreté aussi regrettable et par inadvertance. Mais, quant à cela, je n’ai rien à vous dire ou à vous demander ; ceci concerne uniquement le journal et vous agirez comme vous l’entendrez. Pour ce qui me concerne, j’ai tout lieu de croire que le gouvernement du Roi regrette très-vivement qu’un article de cette nature, dont l’inconvenance vous à été signalée, ait pu être publié dans les colonnes d’un journal belge, qui, de plus, ainsi que vous l’avouez vous-même, se trouve être en conformité d’opinion avec le Cabinet. Ceci est de nature à satisfaire


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Consulted online at Ottoman Diplomats: Letters From the Imperial Legation in Brussels (1849–1914) (2014 Edition), Centre for Political History (PoHis), University of Antwerp, <http://dighum.uantwerpen.be/ottomandiplomats/>.




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