Visite de L.L.M.M. Belges en Hollande
Carathéodory reports on the first visit ever of the Belgian Royal Couple to the Netherlands. It was met by much enthusiasm on both sides. Carathéodory further describes the many difficulties between the two countries in the past. He wonders if this rapprochement between the two countries is meant to stand stronger against the great powers.
- Newspaper clipping (No title, 23-10-1883, L’Echo du Parlement, Information on the Belgian-Dutch relations.)
Monseigneur, je me fais un devoir de porter à la haute connaissance de Votre Altesse que Leurs Majestés Belges viennent d'effectuer Leur visite au Roi et à la Reine des Pays-Bas. Après une journée passée, dans l'intimité, au château de Loo, résidence d'été des Souverains Néerlandais et trois jours à Amsterdam et à La Haye, le Roi Léopold et Son Auguste Epouse sont rentrés à Bruxelles et ont repris, de nouveau, Leur résidence au Château de
Laeken, jusqu'au commencement de l'hiver. L'accueil fait à Leurs Majestés en Hollande fut empreint d'une grande cordialité de la part des Souverains et du gouvernement Néerlandais et d'un véritable enthousiasme de la part de la population. Des honneurs exceptionnels Leur ont été rendus; le Roi Guillaume a tenu à ce que Ses Augustes hôtes emportassent les meilleurs souvenirs de cette excursion. Rien n'a manqué en conséquence, à une réception aussi brillante que cordiale et Leurs Majestés Belges sont revenues enchanté[e]s de ce voyage, pendant lequel Elles ont pu juger aussi personnellement de l'éclat du compartiment belge à l'Exposition internationale
d’Amsterdam tout en vouant une grande partie de Leur temps à visiter les chefs d'œuvre artistiques et les curiosités multiples de la Néerlande. A côté de l'influence qu'elle exercera naturellement sur les rapports d'intimité des deux familles Souveraines, la visite Royale dont il s'agit, depuis longtemps désirée par les Belges, met officiellement et définitivement fin à la haine et aux rivalités qui ont caractérisé les relations des deux pays limitrophes, depuis la séparation violente de la Belgique du Royaume des Pays-Bas. En effet, la révolution de 1830
fut longtemps considérée par le gouvernement hollandais comme une humiliation nationale. Ce n'est qu'en 1839, presque neuf ans après la sanction donnée par l'Europe à la création du Royaume de Belgique que les Hollandais se sont enfin décidés à reconnaître, bien à contre cœur, le nouvel état des choses. Mais à cette paix officiellement conclue, survécut bien longtemps une rivalité sourde qui ne se calme tout à fait que depuis bien peu d'années seulement. C'est à la suite surtout de l'affranchissement de l'Escaut que les relations entre les deux Etats furent empreintes, petit à petit, de sentiments d'estime et d'amitié réciproques. Aussi est-ce un titre d'honneur pour
la sagacité des deux Souverains d'avoir reconnu qu'il y avait enfin lieu de donner une sanction solennelle qui manquait encore, aux rapports d'amitié et de bon voisinage qui avaient pris heureusement, dans ces derniers temps la place des anciennes haines entre les deux pays, et c'est ce qui donne la vraie signification et la réelle importance à la première visite officielle des Souverains Belges dans les Pays-Bas. Quoi qu'il en soit, les longues et chaleureuses acclamations qui ont salué[es] le 18 de ce mois, l'apparition des deux Souverains au balcon du palais d'Amsterdam sont d'autant plus
significatives que le peuple hollandais ne s'enthousiasme pas, d'habitude, facilement. Ce fait se constitue-t-il pas aussi un indice intéressant de la situation actuelle de l'Europe qui pousse les petits Etats à chercher, d'une manière quelconque, un contrepoids même de nature purement platonique, à la force redoutable des grandes Puissances qui les compriment comme dans un étau? En quittant la Hollande le Roi Léopold a emporté la promesse de Leurs Majestés Néerlandaises d'une visite qu'Elles feraient à Bruxelles au mois de mai prochain. Il est certain que la Famille Royale de Belgique et le
peuple belge tiendront à égaler, sinon à surpasser les manifestations enthousiastes de ces derniers jours, et à donner au monde une preuve palpable qu'une ère de concorde et d'amitié est désormais la seule possible entre les deux pays voisins, ayant, malgré leurs différences fondamentales de tempérament, un intérêt absolument identique de conservation nationale. Je crois être agréable à Votre Altesse en plaçant, sous Ses yeux, en annexe à ce rapport, un remarquable article inspiré de « l'Echo du Parlement » journal ministériel au sujet de la visite Royale, et qui a eu les honneurs
de la reproduction immédiate dans les colonnes du « Moniteur belge ». Rien ne saurait mieux peindre la satisfaction profonde provoquée dans ce pays par l'heureux événement qui vient de s'accomplir, sous de si heureux auspices . Veuillez, Monseigneur,, agréer les assurances de ma très haute considération de Votre Altesse, le très-humble et très-obéissant serviteur, Et. Carathéodory
Series | HR.SYS-225-1 |
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Place | Brussels |
Date | 24-10-1883 |
Author | Etienne Carathéodory Effendi |
Recipient | Aarifi Pacha |
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Consulted online at Ottoman Diplomats: Letters From the Imperial Legation in Brussels (1849–1914) (2014 Edition), Centre for Political History (PoHis), University of Antwerp, <http://dighum.uantwerpen.be/ottomandiplomats/>.