Synopsis

Bustany gives some impressions and possible measures to be taken after his stay in Paris. The French government wants to collaborate in an entente concerning the Ottoman-Italian conflict when England and Russia agree in advance. The French public opinion is reasonably favourable to the Ottoman case, however some newspapers are pro-Italian.


Attachments

- Newspaper clipping (“Le Conseil interparlementaire pour la paix vinet de tenir une reunion à Bruxelles – Il y a surtout été question de la guerre”, 11-02-1912, XXième Sciècle, A report of the Inter-Parliamentary Union in Brussels and the Ottoman-Italian conflict.)


Transcriptions

img16272.jpg

Excellence, Je prends la liberté de résumer à Votre Excellence certains détails concernant les faits que j’ai pu recueillir pendant mon séjour à Paris, l’impression que je me suis faite et les mesures officieuses qu’il serait à mon humble avis utile de prendre pendant et après la guerre: L’attitude du gouvernement français A mon arrivée, S.E. Rifaat Pacha qui m’a accueilli avec sa bienveillance habituelle, s’est empressé de m’obtenir une audience de Mr. Poincaré. Pendant le long entretien que j’ai eu avec lui et durant lequel il a été d’une amabilité extrême, il m’a déclaré qu’une médiation ou intervention quelconque par la France ne peut être faite que d’après un accord préalable avec l’Angleterre et, ajouta-t-il, avec la Russie, et que le gouvernement français apprécie à sa juste valeur l’attitude correcte et généreuse du gouvernement ottoman dans cette guerre ; mais que la France étant déjà liée par sa neutralité et ses bons rapports avec les deux pays belligérants serait heureuse d’offrir ses bons offices à la condition de trouver un terrain d’entente possible. De mon côté, j’ai plaidé notre cause, comme du reste c’était mon devoir avec toute

img16273.jpg

l’énergie possible et naturellement sans aller au-delà de mes attributions et faire aucune proposition d’entente. Je lui ai fait part de mon intention de faire ma visite parlementaire en commençant par Londres. Et avant de prendre congé de lui il m’a fait entrevoir qu’il serait prêt à collaborer de suite avec le Foreign office pour mettre fin à cette guerre, en ajoutant qu’il voudrait bien me recevoir aussitôt rentré de Londres. Le groupe parlementaire français Mr le baron d’Estournelles de Constant président du groupe parlementaire de l’arbitrage qui était depuis quelque temps dans sa circonscription électorale, ayant été prévenu de mon arrivée, m’a télégraphié en me priant de l’attendre, et en effet il est rentré vendredi dernier. Nous avons eu de longues conversations qui se résument en ce que lui et son groupe n’épargneront à l’avenir aucun effort pour nous être utiles dans les circonstances actuelles. Il a surtout insisté à ce que je voie à Londres son ami Mr. Cambon l’ambassadeur de France et m’a remis pour lui une lettre de forte recommandation. L’opinion publique et la presse Une bonne partie de la presse française ne représente nullement l’opinion publique. La propagande immense que les italiens font en France de toutes les façons, influe beaucoup sur les journaux français; mais par contre, je peux affirmer à Votre Excellence que la classe éclairée en est bien avertie, et que la classe ouvrière est toute révoltée contre les italiens à cause de la concurrence qu’ils lui font, de sorte que l’opinion en général peut être considéré comme nous

img16274.jpg

étant plutôt favorable. Pourtant, la France s’étant déjà lié les mains par le traité de 1902 en laissant le champs libre aux italiens dans le Tripolitaine et la Grénaïque, se trouve réduite à rester spectatrice inactive, quoique non indifférente. J’ose espérer que les derniers évènements de Beyrouth, surtout si de cas pareils se renouvellent, pousseront le gouvernement français à porter en notre faveur quelques modifications dans son attitude actuelle. Une mesure à prendre Notre ambassade, malgré les efforts considérables qu’elle fait, aurait encore bien besoin pour contrecarrer les intrigues malveillantes des enemis et des adversaires politiques, d’un soutien en dehors du monde officiel. Durant les quelques jours que j’ai passés ici, j’ai eu l’occasion d’être invité, et presque chaque jour, à des réunions, déjeuners ou diners offerts ou tenus par les amis de la paix ou bien par ceux de l’empire ottoman, tel que le banquet de la Délégation Permanante de Sociétés Françaises de la Paix et qui comptent plus de cent trente convives de toutes les nationalités, le déjeuner donné par Mr. René Moulin propriétaire de la Revue hebdomadaire, auquel assistaient seulement quelques amis appartenant presque tous à la presse étc. J’ai eu, en outre l’occasion d’avoir des entretiens privés plus ou moins courts avec des personnalités marquantes tel que les sénateurs Mr. Ribot ancien président du Conseil,

img16275.jpg

Mr. Pichon ancien Ministre des affaires étrangères, Mr. Lucien Hubert, Mr. Gervais, quelques députés, journalistes etc. J’ai été convaincu par les sympathies qu’ils m’ont tous manifestées et les promesses formelles que plusieurs d’entre eux m’ont faites, qu’avec quelques efforts il ne me serait pas impossible d’organiser ici un comité permanent de défense des intérêts de l’empire ottoman, qui comptera parmi ses membres un bon nombre d’anciens Ministres, de sénateurs et députés en fonction avec des représentants sérieux de la presse. Ce comité prendrait à sa charge de défendre nos intérêts, de donner des explications au journaux en temps utile et de réfuter les calomnies dont nous sommes souvent l’objet. S.E. Rifaat Pacha est d’accord parfait avec moi sur l’utilité de cette organisation, mais pour que l’œuvre soit stable et efficace, il faudrait faire un tout petit sacrifice pécuniaire, soit 200 ou 300 francs par mois pour payer un secrétaire permanant, 2 ou 3 mille francs par an pour organiser des conférences de temps en temps, et d’autres petits frais sans importance. Notre ambassadeur auquel l’idée sourit promet de parfaire ces frais. Je me mets donc à l’œuvre en jetant les bases avant mon départ pour Londres, espérant que sous peu ce comité sera organisé et commencera sa besogne. Les amis de l’Orient Le comité des amis de l’Orient tiendra sous la présidence de Mr. Pichon samedi prochain une réunion à laquelle je serai invité pour donner une petite conférence. Suivra un déjeuner intime comprenant seulement

img16276.jpg

sept à huit convives et auquel sera invité notre ambassadeur. C’est précisément dans l’espoir de tirer quelque profit de cette réunion que j’ai retardé mon voyage à Londres jusqu’à dimanche prochain 3 Mars – à ce propos permettez moi de rappeler à Votre Excellence que la présence à Londres en ce moment de Djevad Bey notre conseiller d’ambassade est très désirable, sa collaboration étant d’une grande utilité. J’espère qu’avant la réception de la présente, il aurait déjà joint son poste. Veuillez agréer Excellence, avec l’expression de mon dévouement, l’assurance de ma plus haute considération. Sn. Bustany


Facsimiles

How to cite

If you use this website for your own research, we kindly ask you to mention the following reference in your publications:

Consulted online at Ottoman Diplomats: Letters From the Imperial Legation in Brussels (1849–1914) (2014 Edition), Centre for Political History (PoHis), University of Antwerp, <http://dighum.uantwerpen.be/ottomandiplomats/>.




Design and development by Letterwerk