Ottoman Diplomats

Monsieur le Ministre, Je me fais un devoir de porter à la haute connaissance de Votre Excellence que le Roi Léopold, ainsi qu’il était à prévoir, n’a pas refusé Sa sanction Royale à la nouvelle loi scolaire. Le « Moniteur belge » l’a publiée le 22 de ce mois, et Votre Excellence en trouvera, sous ce pli, le texte, ainsi que le rapport et les instructions ministérielles qui accompagnent ce document, objet de tant de tapage, en ce moment. La promulgation de la loi a donné le signal à de nouveaux troubles des plus regrettables ; la police a dû intervenir

plusieurs fois pour dissiper les attroupemen[t]s tumultueux, quelques personnes ont été blessées ; la date du 23 septembre, anniversaire de la révolution de 1830, a servi de prétexte à une manifestation, qui aurait pu avoir de sérieuses suites, sans l’intervention énergique de la gendarmerie et de la police. Ce qui est bien plus grave que tout cela, c’est que le parti socialiste et républicain, ayant des ramifications dans le parti des anarchistes en France, a trouvé le moment de relever la tête ; un comité républicain s’est formé, un manifeste dont Votre Excellence trouvera également le texte sous ce pli, a été lancé ; le chant de « la Marseillaise », le cri de « Vive la République ! » ont été souvent entendus dans les rues de Bruxelles, et les injures les plus violentes et les plus viles ont été

imprimées dans les journaux du parti, « le National » et « la Réforme », contre le Roi et la Monarchie. Votre Excellence pourra juger du ton de ces attaques, par les extraits annexés à ce rapport. Ému par ces menées révolutionnaires qui pourraient coûter cher au pays, le parti libéral s’est empressé de les désavouer, et a fini, enfin, par comprendre, que la meilleure conduite à suivre actuellement, ce serait de se soumettre à la situation légalement faite, et à attendre un revirement du corps électoral, qui pourra se prononcer d’ici à quelques semaines, à l’occasion du renouvellement, par moitié, des conseils communaux du Royaume. Ainsi, depuis trois jours, le calme paraît devoir renaître dans les esprits

et il faut espérer que les libéraux se borneront désormais, à recourir uniquement aux moyens légaux et réguliers, pour récupérer le pouvoir perdu, par leurs propres fautes. Veuillez, Monsieur le Ministre, agréer les assurances de ma très-haute considération. de Votre Excellence le très-humble et très-obéissant serviteur P.S. Je crois devoir ajouter également, sous ce pli, le compte rendu de l’audience au Palais des bourgmestres qui voulaient obtenir du Roi le refus de Sa sanction à la nouvelle loi scolaire ; Votre Excellence voudra bien remarquer le tact, la correction d’attitude et le sens politique de la réponse faite par Sa Majesté à cette députation.