Ottoman Diplomats

Monseigneur, Pour faire suite à mes deux télégrammes d’hier et d’aujourd’hui, sous les N°s. 2777/44 et 2778/45, je me fais un devoir de placer ci-joint, sous les yeux de Votre Altesse, copie de la lettre que Monsieur Gautier, administrateur de la sûreté publique, vient de m’adresser au sujet de Mr. Simon Philippart.

Ce financier et lanceur d’affaires, célèbre en Belgique à l’égal de Mr. Langrand Dumonceau qui a laissé aussi des traces de son passage chez-nous, a voulu égaler, sinon dépasser, son émule de Berlin, le docteur Strousberg. Doué d’une rare intelligence, Mr. Philippart s’est lancé, à toutes brides, dans des affaires financières et industrielles, qui lui ont fait acquérir, en peu de temps, une fortune colossale ; des spéculations vertigineuses qui tournèrent mal, lui firent perdre tout ; il revint, peu après, à la surface, après le stage obligatoire

des hommes de sa trempe, en Amérique, commença à regagner petit à petit la confiance du public par son institution de la « Banque Européenne », et, en dernier lieu, la résidence en Belgique lui étant interdite, à la suite d’une condamnation non purgée, il se trouvait à Paris, à la tête d’une société d’électricité du nom de « force et lumière. » Voici, Monseigneur, à grands traits la carrière parcourue par Mr. Philippart. Ce manieur d’affaires n’a jamais trempé, que l’on sache ici, dans l’anarchisme, l’Agence

Havas a certainement commis une erreur à cet égard. J’ajoute à ce rapport, en annexe, pour la haute information de Votre Altesse, un extrait de la « Gazette des tribunaux » de Paris, qui rend compte des raisons qui ont, tout d’abord, motivé l’arrestation, sur la demande du parquet de Bruxelles. Veuillez, Monseigneur, agréer les assurances de ma très-haute considération. de Votre Altesse le très-humble et très-obéissant serviteur

Monsieur le Ministre, L’arrestation de Monsieur Philippart a été provoquée par le parquet de Bruxelles, à la suite d’une plainte de certains actionnaires de la société « Force et lumière. » On imputait à Mr. Philippart d’avoir fait disparaître les livres de cette société, ce qui constituait le crime de banqueroute frauduleuse. Depuis l’arrestation, les livres ont été produits. Ils étaient à Londres. Des comptables vont être chargés de les examiner et s’ils paraissent régulièrement tenus, Monsieur Philippart sera sans doute mis en liberté, et le Gouvernement renoncera à la demande d’extradition. Voilà les renseignemen[t]s puisés aux sources les plus officielles. Agréez etc.

Extrait de la « Gazette des tribunaux » du 6 avril 1883. Nous avons dit que M. Simon Philippart avait été arrêté et écroué au Dépôt en attendant que les formalités d’extraction fussent terminées. Cette arrestation a été opérée sur la plainte de M. Breuer, ancien directeur de la « Presse » et principale actionnaire de la Société force et Lumière. À la suite de contestations ; M. Breuer avait demandé le remboursement de ses actions, qui étaient privilégiées, et M. Simon Philippart avait convoqué pour le 16 mars dernier, les actionnaires en assemblée générale pour demander la dissolution de cette Société. M. Breuer avait alors assigné M. Philippart ;

le tribunal de Bruxelles, faisant application de l’article 124 de la loi belge sur les Sociétés, et reconnaissant que M. Breuer était propriétaire des deux cinquièmes du capital social, avait nommé une composée de Poelart, avocat de Bruxelles et de deux comptables, pour procéder à la vérification des écritures. Cette commission n’ayant pu obtenir ni à Bruxelles, siège social de la Société, ni à Paris, où se trouvent situés les bureaux, les pièces comptables de cette Société, M. Breuer déposa une plainte au parquet de Bruxelles, et c’est sur cette plainte que M. Philippart a été arrêté et que son extradition a été demandé.