Synopsis

Agitations ouvrières et grèves

Carathéodory reports that anarchistic agitators stir laborers throughout the country up against factory owners and the government. Their main aim is universal suffrage and changing the Constitution. A progressive congress was formed in Brussels but in the mean time order is regained. Carathéodory expresses his hope that both the Catholic and Liberal party in this outstanding industrial and trading country that is essentially monarchial, will never touch upon the Constitution and bring independence at risk.


Transcriptions

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Monsieur le Ministre Depuis une vingtaine de jours la population ouvrière de la Belgique, travaillée par des meneurs anarchistes, montre de nouveau des velléités battailleuses [sic] contre les grands propriétaires et l’autorité. Des grèves se sont succédées dans toutes les régions houillères et métallurgiques du pays, revêtant à certaines localités un caractère assez inquiétant. Ce mouvement est heureusement, à l’heure qu’il est, presqu’entièrement enrayé par les mesures énergiques prises par le Gouvernement, de nombreux détachements de troupes ayant été convoqués aux endroits les plus menacés, corroborées, de plus, par l’arrestation de quelques uns des chefs

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les plus dangereux. Il fut constaté d’autre part, que cette fois-ci encore le gros de cette population qui forme près du 5ème des habitants de la Belgique et qui atteint le chiffre très considérable de près d’un million d’ouvriers en tous genres, ne s’est pas laissé entraîner par ces excitations subversives. Aussi les grévistes n’ont-ils jamais été plus de 25 à 30.000. Toutefois, ce qui causait une grande inquiétude dans les cercles dirigeants du pays, c’était la circonstance que les revendications qu’on mettait en avant prenaient cette fois une teinte nettement politique ; ce n’était ni l’augmentation des salaires, ni des mesures quelconques allégeant le travail qu’on demandait ; le suffrage universel dont l’établissement implique

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la révision de la Constitution, formait le cri de ralliement, et simultanément un Congrès progressiste de nom mais en réalité républicain, recruté parmi les éléments les plus avancés du pays, était convoqué à Bruxelles la semaine dernière, sous la présidence de Monsieur Paul Janson, chef du parti s’intitulant « progressiste » mais qui ainsi que je faisais observer à Votre Excellence a pour pour [sic] but final le renversement de l’ordre des choses établi et l’institution du régime républicain. En même temps, la loi sur les droits protecteurs d’entrée sur le bétail, récemment votée par les Chambres, mais non encore promulguée qualifiée par les meneurs de la « loi de famine » comme devant infailliblement faire renchérir le

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prix de la viande, formait l’objet d’attaque principal des excitateurs du peuple contre le Gouvernement. Votre Excellence n’ignore pas que toutes ces manifestations se font ici dans la plus grande liberté. Le Congrès s’est réuni effectivement le jour indiqué ; mais, soit devant le peu d’écho que cette agitation rencontra parmi la population ouvrière du pays, soit par la conviction que des déclarations intempestives de principes exagérés nuiraient plutôt au lieu de profiter au but que les meneurs poursuivent, il se contenta d’établir, au lieu du suffrage universel, le droit de vote plus restreint pour tout belge « sachant lire et écrire » et se sépara après avoir également voté une série de résolutions aussi radicales

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qu’impraticables, qui devraient être inscrites dans la nouvelle Constitution et qui assureraient la prépondérance du parti républicain. En attendant, tout se passa avec calme et il est à présumer que les théories adoptées, détruisant presque tout l’ordre établi, formeront pour bien longtemps encore ici, l’apanage d’une infime minorité. Pays commercial et industriel, par conséquent essentiellement monarchique, possédant une liberté allant en tout jusqu’à la licence, respectée même dans ses excès par la dynastie et les ministères tant catholiques que libéraux, la Belgique commettrait la plus grande des fautes si elle se laissait jamais entraîner à toucher à l’édifice constitutionnel qu’elle s’est donnée lors de son

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indépendance et qui, malgré ses quelques imperfections, a admirablement fonctionné depuis tantôt 57 ans sans interruption. C’est ce que comprend la grande majorité du peuple belge et c’est aussi la raison pour laquelle les agitations périodiques dont ce pays est atteint ne présentent pas la gravité qu’elles auraient eues [sic] dans un autre milieu, et aux prises avec d’autres éléments. Veuillez, Monsieur le Ministre, agréer les assurances de ma très-haute considération. de Votre Excellence le très-humble et très-obéissant serviteur


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Consulted online at Ottoman Diplomats: Letters From the Imperial Legation in Brussels (1849–1914) (2014 Edition), Centre for Political History (PoHis), University of Antwerp, <http://dighum.uantwerpen.be/ottomandiplomats/>.




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