Synopsis

Beernaert fears that granting Brialmont official permission to go to Istanbul would irritate Russia. Carathéodory, however, points out that the Russian Legation in Brussels, so far, has undertaken no demarches, and hence thinks Beernaert is exaggerating. Carathéodory does recognize that the Russians are generally susceptible about the presence of foreigners in the Ottoman army.


Transcriptions

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Excellence, Dans le cours de la visite du Président du Conseil dont j’ai eu l’honneur de rendre compte à Votre Excellence le 2 de ce mois par mon rapport sous le N° spécial 85, Mr Beernaert pour justifier son attitude dans l’incident Brialmont m’a informé "confidentiellement et pour notre gouverne » qu’il se serait assuré que l’autorisation désirée, aurait été très-désagréable à St. Pétersbourg." Je n’ai pas cru devoir relever cette assertion certainement intéressante mais qu’il me n’était pas possible de contrôler. Je me permets toutefois de croire qu’elle pourrait être quelque peu sujette à caution. J’ai pu me convaincre, en effet, que le représentant de Russie à Bruxelles n’a été chargé d’aucune démarche à ce sujet. L’appréciation dont le premier Ministre Belge s’est rendu l’écho ne

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saurait, en conséquence, provenir que de la Légation Belge à St. Pétersbourg qui, - tel est du moins, mon humble avis - s’est évidemment exagéré la situation. Il est, me semble-t-il, impossible d’admettre que le gouvernement Russe ait en même un instant l’idée de vouloir se mêler d’affaires qui ne le regardaient d’aucune manière ; il ne pouvait se dissimuler qu’une semblable immixtion pouvait avoir facilement un résultat absolument opposé à celui qu’on attendait et que personne ne pouvait empêcher le Général de rendre où bon lui semblerait, du moment qu’il se délivrerait, ainsi que cela a eu lieu, de toute attache disciplinaire. Je penche, en conséquence, à croire que l’information de Mr.-Beernaert ne doit pas être prise à l lettre. Mais il est, d’autre part, évident que le cabinet de St. Pétersbourg, qui ne voit pas déjà d’un bon oeil les officiers étrangers et principalement les officiers allemands dans notre armée, pouvait d’autant moins être enchanté de l’arrivée à Constantinople du général Brialmont, qu’un bruit avait représenté comme devant entrer au

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service de notre Auguste et très-gracieux Souverain. C’est surtout ce bruit, connu certainement à St.-Pétersbourg qui a dû sans doute intéresser particulièrement le gouvernement Russe et il est tout naturel qu’il ait voulu mettre au clair un point de cette importance pour lui. C’est là évidemment aussi qu’a dû se borner le désir du cabinet de St.-Pétersbourg et à ce point de vu je crois qu’il pourrait en vouloir plutôt au ministère Beernaert de n’avoir pas su garder dans les rangs de l’armée Belge le général. D’ailleurs, maintenant que celui-ci reprend son indépendance absolue d’homme privé, ces potins diplomatiques ne sauraient plus avoir la moindre importance. Telle est, du moins, mon humble appréciation. Heureux de me rappeler au souvenir gracieux de Votre Excellence, je La prie de vouloir bien agréer les hommages de la très-haute et respectueuse considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être, Son très-humble, très-obéissant et très-dévoué serviteur Et. Carathéodory.

How to cite

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Consulted online at Ottoman Diplomats: Letters From the Imperial Legation in Brussels (1849–1914) (2014 Edition), Centre for Political History (PoHis), University of Antwerp, <http://dighum.uantwerpen.be/ottomandiplomats/>.




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