Fin de la crise constitutionnelle. Vote de la proposition Nyssens
Carthéodory describes the increased tensions in Belgium caused by the constitutional crisis. Newspapers report several deaths in Antwerp and Mons. The majority in the House of Representatives seeks reconciliation with the moderate left to reach an agreement.
- Newspaper clipping (La proposition Nyssens Article 47, no date, newspaper unknown, The proposal of Nyssens.) - Newspaper clipping (Proposition de monsieur Woeste – Article 47, no date, newspaper unknown, Proposal of Woeste.) - Newspaper clipping (Texte de la proposition Nyssens vote, no date, newspaper unknown, Propoams of Nyssens went through vote.)
Monsieur le Ministre, Je m’empresse de porter à la haute connaissance de Votre Excellence que le Ministère Beernaert sort victorieux de la lutte engagée vis à vis de son propre parti, lutte dont j’ai esquissé les principaux traits dans mon rapport en date du 16 de ce mois, sous les N°s. 6491/42. Tandis que la majorité de la Chambre continuait toujours à chercher une conciliation irréalisable avec la gauche modérée, de plus en plus récalcitrante, les désordres augmentaient dans tout le pays. Des incidents tragiques ensanglantèrent à Mons et à Anvers les journées de dimanche et de lundi, on comptait déjà une cinquantaine de morts, une centaine de blessés, dont plusieurs grièvement ; l’attentat contre le
bourgmestre et les rassemblements et meetings de plus en plus tumultueux à Bruxelles dénotaient la surexcitation de la Capitale ; la garde civique harassée par les fatigues de la dernière semaine, était à peine retenue par les officiers. Il fallait donc finir à tout prix. C’est ainsi que tout espoir avec la gauche modérée ayant disparu, le Cabinet finit par s’entendre avec l’extrême gauche sur le principe du vote plural établi par la proposition Nyssens ; toute opposition de Mr. Woeste et de ses partisans ayant été paralysée par la question de Cabinet posée par Mr. Beernaert, le ministère put mener à bonne fin les négociations et après une longue séance des plus mouvementée, la proposition dont il s’agit fut enfin votée hier mardi, par 119 voix contre 14 et 12 abstentions. À part toute la droite, moins une dizaine seulement de transfuges qui se dérobèrent en s’abstenant avec Monsieur Woeste et l’extrême gauche en entier, la proposition
réunit également les votes de quelques membres de la gauche modérée, à l’exception bien entendu des chefs doctrinaires, Mrs. Frère-Orban, Bara et autres moins importants. L’on peut dire, en conséquence, avec raison que le vote a eu lieu « par accord patriotique » des diverses fractions politiques du pays et que, quelle que soit l’appréciation qu’on aurait sur la valeur intrinsèque du système assez compliqué, cette circonstance seule constitue une garantie de sa durée plus ou moins prolongée. La formule votée n’est certainement l’idéal de personne, précisément parce qu’elle constitue une transaction acceptable pour tous et c’est ce qui fait justement son principal mérite. Le fait dominant qui s’en dégage est, il faut bien l’avouer, quelles que soient les atténuations dont on a taché de l’entourer, l’établissement du suffrage universel en Belgique. La distance est franchie d’un bord et il est à présumer que d’ici à quelque
temps, les entraves actuelles finiront aussi par être brisées par la pression du dehors et que d’ici à quelques années rien n’empêchera plus l’avènement du suffrage universel pur et simple dans ce pays. En attendant, la formule votée présente l’immense avantage de rétablir le calme dans le pays, de mettre fin aux agitations qui n’ont plus de raison d’être. Tous les hommes d’ordre doivent en savoir gré au Cabinet Beernaert et certainement cette solution peut être portée à son actif, sinon comme une victoire, incontestablement comme un patriotique succès. Il reste maintenant à souhaiter que la crise économique et industrielle qui a alimenté si malencontreusement la campagne révisionniste, puisse également, en s’améliorant, être enrayée également sous peu et mettre fin aux grèves qui sont entachées de tendances socialistes très dangereuses pour la tranquillité publique. Veuillez, Monsieur le Ministre, agréer les assurances de ma très-haute considération. de Votre Excellence le très-humble et très-obéissant serviteur
Series | HR.SYS-223-6 |
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Place | Brussels |
Date | 19-04-1893 |
Author | Etienne Carathéodory Effendi |
Recipient | Saïd Pacha |
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Consulted online at Ottoman Diplomats: Letters From the Imperial Legation in Brussels (1849–1914) (2014 Edition), Centre for Political History (PoHis), University of Antwerp, <http://dighum.uantwerpen.be/ottomandiplomats/>.