Synopsis

In this report Carathédory deals with several issues. First he reflects on the international tensions that have arisen as a result of the Bulgarian question. Then he writes about the Belgian Congo, referring to plans for railway construction there, and the position of the Belgian king toward these initiatives. Lastly he informs Istanbul of requests for decorations for some of the men that have made possible the Ottoman participation to the World Fair in Antwerp.


Transcriptions

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Excellence, Les événemen[t]s qui se déroulent en Orient tiennent toujours en éveil toute l’Europe. Il s’est bien produit, ces dernières semaines, un temps d’arrêt, les inquiétudes ne sont plus aussi grandes, et l’on croit que la Russie, à laquelle les deux autres Empires du Nord paraissent laisser carte blanche pour les affaires bulgares, n’ira pas pour le moment, jusqu’ à une occupation qui mettrait le feu aux poudres et précipiterait, peut-être, une guerre générale que tous les Cabinets veulent éviter. Toutefois, les allures dictatoriales du général Kaulbars font ombre au tableau ; l’on se persuade, de plus en plus, que la Russie n’est pas disposée à laisser échapper la proie qu’elle tient et qu’elle établira, coute que coute, avec l’aide du désintéressement de l’Allemagne et de la résignation forcée de l’Autriche son influence, telle qu’elle l’entend, en Bulgarie. Le mécontentement des Hongrois, les protestations parement théoriques de l’Angleterre ne semblent

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pas de nature à produire sur le gouvernement du Czar une bien grande impression. Ainsi, de quelque côté qu’on envisage la situation, il est à craindre que la Russie n’ait le champ libre pour exercer son omnipotence, dans les limites tracées par la triple alliance, avec des concessions successives habilement extorquées, en plus, de l’Allemagne par la crainte d’une entente franco-russe et devant l’impuissance, et il faut bien ajouter, l’égoïsme, - de l’Angleterre[,] de la France et de l’Italie divisées, se jalousant entre elles, circonstance qui permet à la Russie de ne pas se presser et de choisir le meilleur moment pour agir. Il faut bien avouer que jamais la tentation n’a été aussi grande pour le cabinet de St. Petersbourg ; dès qu’il le voudra, il pourrait facilement provoquer de graves événemen[t]s ; une vigilance de tous les instan[ce]s me semble, en conséquence indispensable dans les conjonctures actuelles et j’ai à peine besoin de dire que je n’y faillerai pas également et que Votre Excellence recevra toujours de ce modeste poste d’observation que j’ai l’honneur d’occuper, toute renseignement qui pourrait Lui être éventuellement de quelque utilité. Au milieu de l’incertitude générale, il n’est pas étonnant que le Roi des Belges cherche aussi à créer de solides sympathies et de cultiver surtout l’amitié et la protection de l’Allemagne. Sa Majesté est revenu très satisfaite de son excursion à Bade et en Angleterre ; Elle a utilisé son séjour à Londres pour disculper l’Etat du Congo de la rupture des négociations pour le chemin de fer, devant l’impossibilité pour lui d’accepter les conditions léonines du syndicat Anglais, qui se trouvaient être, d’ailleurs, en contradiction avec les décisions de la conférence de Berlin. Le passage de l’ex-Khédive ici a passé tout à fait inaperçu. Ismaïl Pacha n’a pas voulu se souvenir qu’il y avait à Bruxelles une légation Impériale ; je me suis borné, en conséquence d’ignorer absolument, de mon côté, sa présence à Bruxelles, tout en prenant mes mesures auprès du gouvernement belge, afin de sauvegarder, le cas échéant, pour le principe, les droits de notre Auguste et très-gracieux Souverain. J’ai informé Votre Excellence qu’Ismaïl Pacha s’est abstenu de toute visite officielle. Entièrement au procès monstre qu’il intente contre l’Egypte, il ne travaille plus, paraît-il, à son retour au pouvoir ; mais dans ses épanchemen[t]s, Son Altesse s’est exprimée d’une manière fort désobligeante à l’égard de son

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fils le Khédive actuel. Avant de clore cette lettre, que Votre Excellence veuille bien me permettre d’empiéter sur Ses moments si précieux, pour l’entretenir aussi des affaires de la légation Impériale, encore en suspens. Il y a, avant tout, la réponse Impériale à la notification du Roi pour le Congo et celle de Votre Excellence qui me manquent toujours et cette circonstance me met dans la plus grande perplexité. Les réponses de tous les Souverains et des gouvernemen[t]s les plus éloignés sont déjà arrivées, y compris celles des Empereurs de Chine et du Japon qui ont été enregistrées les dernières, il y a quelques semaines, dans le ‘Bulletin officiel’ du Congo. Les nôtres seules subissent toujours un retard que je ne puis même pas expliquer, dans l’ignorance des causes qui le provoquent. Votre Excellence me rendrait on ne peut plus reconnaissant en voulant bien remédier au plutôt à une situation qui me met dans le plus grand embarras vis-à-vis du Roi sur les inconvénients multiples de laquelle je n’ai pas besoin d’insister auprès de Votre Excellence. Une seconde question pour laquelle j’ose solliciter de nouveau toute la bienveillance de Votre Excellence est celle des décorations en souffrance, les unes désirées par le gouvernement belge, les autres proposées par la légation Impériale comme récompense des services rendus à notre section à l’Exposition universelle d’Anvers. D’après une lettre particulière de Monsieur de Borchgrave, qui s’intéresse naturellement aussi à l’acceptation de la première de ces listes, à M. le Prince de Chimay, le retard proviendrait surtout de la circonstance que je n’obtenais pas aussi de décorations belges pour des fonctionnaires du Palais Impérial. Si tel était le cas Votre Excellence n’aurait qu’à m’indiquer les fonctionnaires de Son Département et ceux du Palais auxquels Elle désirerait voire accorder l’ordre de Léopold et j’ai lieu de croire que mes démarches ne resteraient pas infructueuses, pourvu qu’on ne demande pas toujours les classes les plus élevées – La Belgique n’ayant qu’un seul ordre, cela se heurterait à de grandes difficultés, - et que le principe de réciprocité soit sauvegardé. Quant aux récompenses proposées pour l’Exposition, je prends la liberté de les solliciter de nouveau d’autant plus instamment de la bonté de Votre Excellence que le Khédive a déjà distribué à profusion des décorations de

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L’ordre Impérial du Medjidié à l’occasion de cette même Exposition pour ceux qui se sont occupés du compartiment Egyptien. Votre Excellence pensera, sans doute, comme moi, que le Gouvernement Impériale n’a aucun intérêt à créer gratuitement des mécontents qui, après le zèle déployé et les services qu’ils nous ont rendus ne manqueront certainement pas de rapprocher notre indifférence de la prodigalité Khédiviale. Aussi, suis-je persuadé que Votre Excellence voudra bien accorder un gracieux accueil à ces propositions. Je viens enfin solliciter Sa haute décision qui manque encore, sur le poste de Vice-Consul Impérial à Anvers. Notre Consul, ayant un besoin urgent de son collaborateur, adresse continuellement ses doléances à la Légation Impériale pour le retard de la nomination du titulaire. Votre Excellence m’obligerait beaucoup en donnant Ses gracieux ordres afin que la proposition de Monsieur Max Müller transmise, il y a longtemps, déjà par la Légation Impériale au Département de Votre Excellence et qui se rapporte à cet objet, reçoive une solution. En sollicitant de Votre Excellence mon pardon de ce que j’ai osé L’importuner si longuement et en Lui exprimant d’avance pour tout, ma plus vive et plus sincère reconnaissance, je vous prie, Excellence, de vouloir bien me continuer Votre précieuse et indulgente sympathie et d’agréer l’assurance respectueuse de l’attachement inaltérable et du dévouement sans bornes avec lesquels je suis, avec le plus profond respect, de Votre Excellence, le très-humble, très-obéissant et très-reconnaissant serviteur, Et. Carathéodory

How to cite

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Consulted online at Ottoman Diplomats: Letters From the Imperial Legation in Brussels (1849–1914) (2014 Edition), Centre for Political History (PoHis), University of Antwerp, <http://dighum.uantwerpen.be/ottomandiplomats/>.




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